Un article d'Alain Cadet paru dans La Voix du Nord le 1er décembre 2016.
André Barré possède une collection de photos sur l’histoire
de la brasserie monsoise. Un témoignage de l’évolution de la zone d’activités
commerciales et industrielles.
André Barré a travaillé à la brasserie de Mons entre 1962 et
1984. Il a observé la transformation de
l’espace agricole en zone d’activités. Ses photographies témoignent de cette
histoire urbaine.
« J’habitais un logement de fonction, dans une petite maison
de la rue du Général-de-Gaulle, se souvient André Barré. Elle était mitoyenne
du grand bâtiment du siège. Ainsi, dès qu’il se passait quelque chose, il
suffisait d’aller voir à la fenêtre et j’étais tout de suite prévenu. »
Lors de la visite de
Freddy Heineken, les gardes du
corps du magnat de la bière, lui confisquent son appareil photo.
André Barré prend ses fonctions à la brasserie monsoise en
1962. À cette époque, la brasserie du Pélican, dirigée par Jean Deflandre,
vient de prendre le contrôle des vieilles Brasseries de Mons. Sous la conduite
de ce patron entreprenant, le site va beaucoup évoluer. En 1966, on construit
une nouvelle unité de production ultramoderne. L’entreprise se restructure et
monte en puissance. « Nous avons installé de nouvelles machines, témoigne André
Barré qui exerce alors les fonctions de contremaître de l’équipe de
maintenance. Je suis allé suivre différents stages pour bien connaître le
matériel, souvent en Suisse. Il fallait être capable de réparer rapidement en
cas de panne. Une fois par an, pendant trois jours, on désossait toutes les
machines et on les remontait pièce par pièce en remplaçant les éléments
défectueux. »
Quelques années plus tard, d’immenses cuves sont installées
à l’extérieur des bâtiments. Ce fut certainement l’opération la plus
spectaculaire suivie par ce mécanicien, doublé d’un passionné de photographie.
« Il avait fallu creuser des tranchées et construire des fondations pour rendre
stable les énormes grues du chantier. Deux jours entiers avaient été
nécessaires pour les assembler. » Plus tard, à la fin des années 1980, alors
qu’il était pourtant à la retraite, André Barré revient à la brasserie. On lui
demande de photographier l’arrivée à Mons-en-Barœul des cuves du site Mutzig
(ville du Bas-Rhin) qui venait de fermer.
Il n’y a qu’un seul reportage que le photographe amateur ait
raté. C’était en 1985, lorsque Freddy Heineken, le magnat de la bière
néerlandaise, vint inspecter le site de Mons avant de l’acquérir pour le compte
de son empire. André Barré s’est vu alors confisquer son appareil photo par
l’un de ses gardes du corps.
Au cours de sa longue carrière, André Barré aura connu
l’époque de la Brasserie de Mons, puis celles de Pélican, Pelforth et Heineken.
L’aspect extérieur de la brasserie n’a pas énormément bougé depuis les grands
travaux. Mais, elle s’est constamment modernisée pour monter en puissance.
Avec 3,2 millions d’hectolitres de production annuelle elle
est, aujourd’hui, l’un des centres de production brassicole les plus importants
d’Europe. A. C. ( CLP)