Qui était Jean Deflandre ?

Jean Deflandre (23 juin 1912 - 26 décembre 2002)

Jean Deflandre est né le 23 juin 1912 en Belgique, à Braine le Comte, dans une famille de brasseurs depuis 4 générations.


Son père Armand, qui vient d'arriver en France en 1920, va fonder à Lille la Brasserie du Pélican l'année suivante avec deux associés Louis Boucquey de Caesteker, qui a fait appel à lui, et Raoul Bonduel.


Muni du titre de Maître-Brasseur obtenu avec mention avant sa vingtième année, à l'Université de Nancy, il complétera sa formation en Angleterre et au Danemark. Deux expériences qui seront essentielles dans sa vie, à des titres bien différents ... avant de rejoindre en 1935 la Brasserie du Pélican.


En Angleterre, c'est lors du stage dans une Brasserie de Mosseley, à l'est de Londres, qu'il découvre les procédés de fabrication de la bière brune inconnue en France.  Une expérience qui sera à l'origine de la création de la Pelforth 43.


En 1936, c'est lors d'un stage à Copenhague au Danemark dans le laboratoire qui met au point les levures des sociétés Tuborg et Carlsberg, qu'il rencontrera Inge la fille du directeur Albert Hansen, qu'il épousera juste avant le deuxième guerre mondiale.



Jean et Inge Deflandre-Hansen

En 1937, âgé seulement de 25 ans, il devient l’un des directeurs de la Brasserie du Pélican. Un poste qu'il occupera jusqu'en 1983. Il pilote la fabrication d’une nouvelle bière. Il parvient à assembler trois (et non deux comme il est souvent indiqué) malts d'orge en les combinant avec une souche de levure qu'il a rapporté de son séjour dans la Brasserie anglaise Kingston Upon Thames. Il crée, ce qui deviendra la Pelforth 43, une nouvelle bière brune titrant 6° d'alcool, en fermentation basse, alors que la plupart des bières de l'époque sont blondes.


Son attachement au Danemark, dont son épouse était originaire, le conduira à occuper le poste de consul du Danemark en France de 1963 à 1983.


Il développera considérablement la Brasserie du Pélican. Celle-ci trop à l'étroit à Lille, s'installera à Mons-en-Barœul officiellement à partir de 1975, suite à des premiers rapprochements intervenus dès 1954, après le décès de Louise Waymel, la directrice de la Brasserie Coopérative de Mons-en-Barœul.



Lors d'un enregistrement, effectué dans son appartement le 24 janvier 2002,  Jean Deflandre, dans sa 90ème année, s'était aidé des notes rassemblées dans un cahier. Réalisé quelques mois avant sa disparition nous avions pu constater son excellente mémoire et sa vivacité d'esprit. © Cliché et vidéo Jacques Desbarbieux.


Retour sur la vie de Jean Deflandre, un patron très discret…

Un article d'Alain Cadet paru dans l'édition de Mons-en-Barœul de la Voix du Nord le mardi 22 février 2022.

Jean Deflandre chez lui.

 

Jean Deflandre a été pendant plus de quarante ans – de 1932 à 1983 – un grand dirigeant des « Bières du Pélican » qui deviendront un peu plus tard « Pelforth » (actuellement « Heineken »). Très austère dans son rôle de PDG de la société, il était très différent dans la vie quotidienne.


Jean Deflandre devient l’un des directeurs de l’entreprise dès 1937. Au début des années 1930, au sortir de ses études de « maître-brasseur », il effectue un stage dans une brasserie anglaise. Outre-Manche, c’est la grande mode de la Guinness. Ce genre de bière, inconnue en France, intéresse le jeune brasseur. Il rapporte de ce séjour – au cas où – une levure susceptible de la produire. En 1936, il arrive à Copenhague, au laboratoire qui travaille sur les levures des enseignes Tuborg et Carlsberg. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de sa future épouse, Inge, la fille du directeur, avec qui il se mariera, trois ans plus tard.


Le premier fait d’arme du jeune patron est la mise au point de la Pelforth 43, une bière brune sur le modèle de celles d’outre-Manche. Malgré la nouveauté du produit pour le public français, c’est un réel succès. Le Pélican qui deviendra Pelforth est une « success story. » La production passe en dix ans de 100 000 à 200 000 hectolitres… presque un million d’hectolitres au début des années 1970.


Pas une photo en 40 ans de carrière


L’enseigne absorbe de nombreuses brasseries dont la Coopérative de Mons-en-Baroeul où va être déménagée la production. Au début des années 1980, lorsque Jean Deflandre prend sa retraite, c’est un patron respecté de ses pairs comme de ses employés. Qu’en disent les journaux ? Rien ! Pas une interview, pas une photo, en quarante ans de carrière ! Il ne donnait jamais suite aux demandes d’entretien. Les photos, prises à l’intérieur de la société, il les confiait à André Barré, son contremaître de maintenance ! Ce dernier avait, comme consigne impérative, de faire en sorte que personne ne soit reconnaissable sur l’image et surtout pas le patron ! Les photos du dirigeant sont rarissimes.


Elles viennent du cercle de famille ou du consulat du Danemark qui publiait régulièrement des images de son consul et de madame (Jean Deflandre a été consul du Danemark, de 1963 à 1983), en tenue officielle, ou bien, décontractés dans leur voiture décapotable. Dernièrement, on a pu découvrir des photos inconnues et décontractées du président du Pélican, lors d’un voyage d’étude effectué au Danemark et en Suède, en 1957, en compagnie d’autres brasseurs de la région. Jean Deflandre, sérieux et secret au travail, changeait de costume dès qu’il était sorti de sa brasserie, convivial, ouvert et souriant. A. C. (CLP)



Jean Deflandre le 4 juin 1957, qui était consul du Danemark, sur la terrasse de l'hôtel Bellevue à Klampenborg, au nord de Copenhague (Danemark). © Document Christophe Rohart.


Les clichés ci-dessous ont été pris à l'occasion de la visite de Jean Deflandre au Danemark au sein de la Brasserie Carlsberg à Copenhague en 1957 © Christophe Rohart.





Jean Deflandre en 1962, âgé de 50 ans


Voir un complément ici 

avec un entretien enregistré chez lui le 24 janvier 2002



Remerciements à Alain Cadet, Christophe Rohart et à plusieurs membres de la famille de Jean Deflandre et en particulier à Christian Deflandre, son fils et Cédric Deloose, son petit-fils.