Questions à Joël Lemaure du Service Qualité Produits CHD - Brasserie Heineken

Interview réalisée le 23 octobre 2002

Heineken représente un groupe industriel hollandais, avec 40 000 salariés présents dans 170 pays, notamment en Afrique. C’est le 2ème brasseur mondial et le 1er à l’échelle européenne. Plusieurs types de bières produits : classique (Pelforth), spéciales (Murphy) et sans alcool (Buckler)... Notre bière est la même partout dans le monde : on est certain de retrouver la qualité Heineken quel que soit le lieu de consommation.

Quels sont les types de céréales qui sont utilisés ?


Rappelons que la bière est fabriquée à partir de céréales (l’orge surtout, en raison de la rapidité de sa fermentation), et non à partir de houblon (ajouté pour son goût). On utilise le riz en Asie, le maïs ou le blé en Europe, et le Mil ou le Sorgho en Afrique. Cela dépend pour beaucoup des caractéristiques de chaque région. Les céréales sont aussi et surtout utilisées pour la stabilité colloïdale. Néanmoins certaines bières, au pur malt par exemple, n’utilisent pas de céréales du tout.

Dans l’utilisation des céréales, est-ce qu’il n’existe pas une inquiétude vis-à-vis des OGM ?

Chez Heineken, nous fonctionnons avec les mêmes fournisseurs depuis 25 ans. Donc nous sommes quasiment sûr de la non présence d’OGM. 

Concernant la distribution. Le problème aujourd’hui reste que certains cafés sont carrément prisonniers d’un seul et unique brasseur. Essayer de trouver un bec de libre pour un petit brasseur en France ? La "Lancelot" en Bretagne l’a fait, mais cela reste minoritaire. 

Je suis bien d’accord, mais les contrats de brasserie restent obligés de nos jours car on ne peut plus fonctionner "sur parole", la moralité n’est plus la même qu’auparavant. Mais nous faisons aussi des contrats qui laissent une marge de manœuvre au cafetier pour distribuer une petite bière sur le 2ème ou le 3ème bec.
Je voudrais préciser que le contrat de brasserie fait suite à un investissement de la part du brasseur et non l’inverse, c’est très important. Cela permet l’acquisition du fond de commerce pour le propriétaire par exemple, ou cela représente aussi une garantie financière d’être sous contrat avec un grand brasseur. L’Union Européenne, sous le couvert de la libre concurrence, veut modifier ces "Contrats Brasseurs". Cela s’est d’ailleurs déjà spontanément réalisé à Paris où des grands cafetiers proposent plusieurs grandes bières concurrentes sur des becs côte à côte.

De toute façon, que ce soit bière de terroir, ou d’Abbaye en Belgique, ne faites vous pas avaler aux gens ce que vous voulez ?
Non, car nous lançons des enquêtes au préalable de la mise sur le marché, et puis les échecs existent toujours.

Est-ce que les bières aromatisées, de type Desperados, la bière mexicaine à la Tequila, n’impliquent pas une perte des vraies valeurs de la bière, l’amertume notamment ?

Cela correspond à une demande des consommateurs. Particulièrement les jeunes et les femmes qui recherchent moins d’amertume. Mais il est clair qu’un bon buveur de bière évite ce genre de bières. C’est plus ou moins une démarche marketing comme Adelscott, la bière au Whisky qui est un autre exemple.

Pourquoi est-ce que l’on ne trouve pas en France de bières blondes de qualité (type : Pils en Allemagne ou Belgique) ? Est- que cela vient du savoir-faire, de la qualité de l’eau ? 

Je crois que cela reste une question de goût. La 33 Export ou l’Extra Dry sont des bières blondes de qualité. La différence avec l’Allemagne par exemple peut venir du fait qu’on y utilise des additifs seulement pour la bière destinée à l’export.
Nous nous attachons à utiliser une eau de grande pureté car cela reste un ingrédient primordial.

Est-ce que les brasseries sont moteurs de dynamique rurale (économique ou culturelle) à travers leur production ?

Oui, je peux vous garantir que la bière "Pélican" reste "Pélican", même rachetée par Heineken : l’identité rurale de pays ou de terroir est conservée.